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Photo du rédacteurFanny LE GUEN

Comprendre et prévenir l'usure professionnelle

Dernière mise à jour : 5 déc.

usure

Les enjeux de l’usure professionnelle sont multiples et concernent à la fois les individus et les organisations. Pour les individus, l’usure professionnelle peut entraîner des conséquences graves sur l’état de santé. Sur le plan organisationnel, elle peut conduire à une diminution de la performance, de la productivité et de la qualité du travail, ainsi qu’à une augmentation de l’absentéisme, du présentéisme et du turnover.

Afin de mieux répondre au défi de l'épuisement professionnel, il est crucial de réviser notre manière d'aborder le travail pour le rendre viable à long terme. Cela nécessite de prévenir non seulement les risques d'épuisement physique et mental, mais aussi de créer des conditions et un environnement de travail qui soutiennent le capital humain, le bien-être et la performance des salariés tout au long de leur carrière.



Qu'est-ce que l'usure professionnelle ?


Les différentes dimensions de l'usure professionnelle

usure professionnelle anact

📝Historiquement, la prévention de la santé au travail s'est concentrée sur la santé physique et la pénibilité associée, souvent liée à des métiers comme le port de charges lourdes ou le travail posté. Cependant, depuis la loi de 2002 sur la modernisation sociale, l'employeur est également tenu de prévenir les risques liés à la santé mentale. Cela a permis de reconnaître que l'usure professionnelle peut être d'origine cognitive ou psychique, notamment à travers le syndrome du burn-out, qui touche particulièrement les salariés très investis.


L'usure psychologique découle de divers facteurs, tels que la charge de travail excessive ou insuffisante, la perte de sens, le conflit éthique, le manque de reconnaissance, la pression temporelle et les tensions relationnelles. Certains secteurs, comme ceux du "care", sont particulièrement exposés à ces risques en raison de leur intensité émotionnelle (mais ils ne sont pas les seuls!).


conséquences


Les conséquences de l'usure professionnelle


🙍‍♀️Les salariés usés professionnellement sont exposés à :

  • L’augmentation et l’aggravation de problèmes de santé

  • La difficulté à réaliser correctement leur travail

  • La perte de compétence et la dégradation de l’employabilité

  • La perte d’estime de soi et la démotivation


🏢 L’entreprise, de son côté, va devoir faire face à :

  • L’augmentation de l’absentéisme

  • La progression du nombre de personnes en inaptitude de travail

  • Un turnover plus élevé

  • La dégradation du climat social

  • La croissance du coût de la gestion RH

  • La baisse de la rentabilité et de la compétitivité



Quid de l'usure professionnelle dans la politique Ressources Humaines ?


📝 L'usure professionnelle est un enjeu croissant dans le monde du travail, distinct du burn-out par sa progression insidieuse et cumulative. Elle peut affecter tous les salariés et vient questionner les politiques RH et les conditions de travail.



parcours

La prise en compte de l'usure professionnelle dans l'accompagnement des parcours professionnels


L'allongement de la vie professionnelle, en raison du vieillissement de la population active, souligne l'importance croissante de la prévention de l'usure professionnelle, particulièrement pour les travailleurs seniors (mais pas que !). Avec l'augmentation attendue de l'âge de départ à la retraite, les entreprises doivent mettre en œuvre des mesures spécifiques pour favoriser le maintien en emploi de ces salariés, qui sont des ressources précieuses.


👉Il est donc crucial d'intégrer dans les politiques Ressources Humaines la construction de parcours d'accompagnement adaptés à chaque étape de la vie professionnelle, en intégrant la question de l'usure professionnelle.



diversité

Le lien entre usure professionnelle et les questions relatives à la diversité et à l'inclusion


Les données de l'observatoire des inégalités de 2023 révèlent un lien direct entre des conditions de travail dégradées et l’appartenance à certaines catégories de salariés, notamment les immigrés, les personnes en situation de handicap, les seniors et les femmes. Ces environnements difficiles augmentent les risques d’usure professionnelle.


La survenance de pathologies chroniques chez les travailleurs peut entraîner une exclusion du marché du travail. Cela souligne la nécessité d’une sensibilisation aux droits des salariés et au respect des obligations des employeurs.


👉 Une politique RH favorisant la diversité et l'inclusion doit permettre à chacun de poursuivre son activité professionnelle dans les meilleures conditions possibles, quels que soient son âge, sa santé ou son origine sociale/culturelle. Parmi les actions concrètes qui peuvent être mises en oeuvre, on retrouve l'adaptation des postes de travail aux capacités de chacun, la formation continue, l'accompagnement des parcours professionnels, . . . Ces initiatives permettent aux travailleurs concernés de rester performants et engagés dans un environnement de travail inclusif.



ensemble

Le maintien en emploi et la lutte contre la désinsertion professionnelle


🎯 L'objectif est d'aider ceux qui rencontrent des difficultés dues à leur état de santé à conserver leur emploi dans des conditions adaptées, tout en évitant des menaces de perte d'emploi.


💡Des solutions telles que des aménagements de poste, des adaptations du temps de travail, des aides matérielles et techniques, des formations, ou des reclassements internes peuvent être mises en place pour accompagner ces personnes. Cela permet non seulement aux salariés de poursuivre leur carrière sans risquer l’inaptitude, mais aide également les employeurs à éviter les conséquences d'une inaptitude, comme la perte de compétences et des impacts financiers.


⚠️ En France, un nombre important de licenciements pour inaptitude est noté, soulignant que beaucoup d'employeurs attendent la déclaration d'inaptitude par le médecin du travail pour agir, se concentrant principalement sur les personnes en situation de handicap. Toutefois, les causes de désinsertion professionnelle peuvent être diverses et peuvent inclure des problèmes de santé, des conditions de travail difficiles, et des changements organisationnels.


👉 Il est observé qu'il est plus efficace de soutenir les salariés à risque de désinsertion pendant qu'ils sont encore en emploi, plutôt que d'attendre l'incapacité ou la perte d'emploi. Un parcours de maintien dans l'emploi nécessite une approche collaborative entre le médecin du travail, l'employeur et le salarié, impliquant potentiellement d'autres experts en fonction des situations. Ainsi, la prévention de l’usure professionnelle apparaît comme la clé pour assurer un maintien durable dans l’emploi et la limitation du coût humain et financier, que ce soit pour le salarié, l'entreprise ou la société.



Comment prévenir et accompagner l'usure professionnelle


démarche

La démarche de prévention de l'usure professionnelle


Une évaluation des risques professionnels et un programme de prévention de qualité sont incontournables pour repérer et prévenir les situations à risque.

🟢La prévention primaire est cruciale pour agir en amont de l’usure au travail. Cela nécessite de porter une attention particulière à l'organisation et à la réalisation du travail, ainsi que sur les pratiques managériales.

🟠En prévention secondaire, les Services de Prévention et de Santé au Travail détectent les signes précoces d'usure, permettant une intervention rapide grâce à des visites médicales régulières.

🔴Pour la prévention tertiaire, un accompagnement est proposé aux salariés affectés par des troubles liés à l'usure, facilitant leur réadaptation et maintien dans l'emploi.


👉 La prévention primaire doit être privilégiée, ainsi que l'approche collective.


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Lancer et structurer la démarche

L'ANACT recommande dans un premier temps d'identifier l'ensemble des parties prenantes mobilisables : la Direction et le management, les acteurs internes de la santé au travail et du dialogue social, les acteurs externes tels que CARSAT, Services de Prévention et de Santé au Travail, ...


Ceci afin de se mettre d'accord sur les 4 points suivants :

  1. L’usure professionnelle, qu’est-ce que ça signifie pour nous, dans notre contexte ?

  2. Quels sont les enjeux pour l’entreprise ? (maintien des compétences, attractivité de l’entreprise, limitation des coûts de sinistralité, etc.)

  3. Quels sont les enjeux pour les salariés ? (préservation de la santé, développement de l’employabilité, départs à la retraite en bonne santé)

  4. Qu’est-ce que nous attendons d’une démarche de prévention de l’usure ?

Et, ensuite, de s'entendre sur les éléments clés de la conduite du projet (pilote, moyens, planning, ...).

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Réaliser un diagnostic de l'usure professionnelle et prioriser les actions à mettre en place

L'objectif de ce diagnostic est de définir les activités ou les catégories de salariés qui doivent prioritairement faire l‘objet d’une analyse plus précise, pour identifier les facteurs d’usure et déterminer les mesures de prévention.

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Analyser les origines de l'usure

Il s'agit de repérer les facteurs d'usure, via l'analyse des situations de travail, pour construire des mesures de préventions adaptées.


L'analyse des situations de travail passent par l'observation et/ou le recueil d'informations concernant les points suivants :

  • Qui ? (les collaborateurs concernés)

  • Quoi ? (les tâches à réaliser)

  • Avec qui ?

  • Avec quoi ? (matériel et moyens)

  • Où ?

  • Quand ?

  • Comment ? (organisation et modes opératoires)

L'important est de conduire cette analyse en collectif, afin de confronter les points de vue et de susciter un échange sur le travail et ses conditions de réalisation.

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Elaborer un plan d'actions, le mettre en oeuvre et l'évaluer

Les actions peuvent relever de différents champs, comme par exemple :

  • l’environnement de travail

  • l’organisation du travail

  • le développement des compétences

  • l’organisation de la prévention

  • les modes de gestions RH

  • les pratiques managériales

  • le dialogue social et professionnel

  • ...

Comme pour tout plan d'actions de prévention, il convient de définir qui est en charge de quelle action, avec quels moyens, à quelle échéance.

La temporalité des actions est à articuler : certaines peuvent être mises en place à court terme, d'autres s'inscriront sur un temps long.



idée

Les dispositifs mobilisables


La prévention de la désinsertion professionnelle et le maintien en emploi représentent des enjeux majeurs, auxquels la LOI n° 2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail a tenté d'apporter des réponses, notamment en créant ou en généralisant certains dispositifs, encore sous-utilisés.


📌 En voici quelques-uns :

  • la convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE) : permet aux salariés concernés (RQTH ou inaptes), pour qui une reprise de leur emploi est incertaine du fait de leur état de santé, d’apprendre un nouveau métier dans leur entreprise d’origine ou dans une nouvelle entreprise

  • l'essai encadré : réalisé pendant un arrêt de travail, il permet de tester la compatibilité d’un poste de travail avec les capacités restantes de la personne concernée, dans l’entreprise d’origine ou dans une autre entreprise

  • le projet de transition professionnel : permet à tout salarié de mobiliser son compte personnel de formation(CPF) à son initiative, afin d’effectuer une action de formation certifiante pour changer de métier ou de profession

  • le rendez-vous de liaison : visant à maintenir un lien entre le salarié pendant son arrêt de travail et l’employeur et d’informer le salarié qu’il peut bénéficier d’actions de prévention de la désinsertion professionnelle, d’une visite de préreprise, et de mesures d’aménagement du poste et/ou du temps de travail

  • la visite de mi-carrière : destinée aux salariés âgés de quarante-cinq ans ou d’un âge déterminé par accord de branche. Permet d'établir un état des lieux, d'évaluer les risques et de sensibiliser le salarié au enjeux du vieillement au travail et à la prévention des risques professionnels

  • . . .



Conclusion


👉 La démarche de prévention de l'usure professionnelle ne doit pas être pensée de façon indépendante, elle doit faire partie intégrante de la stratégie et des politiques RH et être étroitement imbriquée avec l'ensemble des actions de prévention.

Comme pour toute démarche, il est important de ne pas négliger l'évaluation afin de mesurer les effets et de repérer les ajustements nécessaires.



Ressources




POUR ALLER PLUS LOIN

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👉Je réalise des diagnostics Qualité de Vie et Conditions de Travail et j'accompagne les dirigeants et les managers, sous différents formats (atelier, form'action, codéveloppement professionnel, ...), pour intégrer la QVCT dans leurs pratiques professionnelles.

👉 J'accompagne les structures à l'évaluation des risques professionnels et à la construction de plan d'actions de prévention

👉 Je réalise des interventions en clinique du travail auprès des collectifs afin d'identifier les ressources contribuant à protéger la santé au travail








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