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La surcharge mentale : un enjeu majeur du monde du travail moderne

Photo du rédacteur: Fanny LE GUENFanny LE GUEN

Dernière mise à jour : 1 janv.

surcharge mentale

Dans notre société hyperconnectée où l'information circule en continu, la surcharge mentale est devenue un enjeu de santé publique. Cet article propose d'explorer ce concept, son évolution historique, ses manifestations et ses conséquences, ainsi que des pistes pour mieux la prendre en compte dans le monde professionnel.



Comprendre la surcharge mentale


évolutions

Origines et évolution du concept de surcharge mentale

📌 La Révolution industrielle a vu émerger le concept de surmenage, lié à la mécanisation et à l'impératif de rendement accru. Au cours du XXe siècle, bien que des systèmes aient été mis en place pour alléger la charge physique des travailleurs, l’impact de l’intensification des exigences mentales a souvent été négligé.


📌Le concept de surcharge mentale trouve ses racines dans les années 1960, avec les travaux précurseurs du psychologue George A. Miller sur les limites de la mémoire de travail. Miller a mis en évidence que notre cerveau ne peut traiter qu'un nombre limité d'informations simultanément, généralement entre 5 et 9 éléments.


📌 Dans les années 1980, le terme de "charge mentale" a été popularisé par la sociologue Monique Haicault pour décrire la charge cognitive et émotionnelle liée à la gestion simultanée des tâches professionnelles et domestiques, principalement supportée par les femmes.


📌Avec l'avènement des technologies de l'information et de la communication, le concept s'est élargi pour englober la surcharge informationnelle. Le sociologue Alvin Toffler a ainsi théorisé le "choc du futur", décrivant comment le flot constant d'informations pouvait submerger les individus.


définition

Définitions et causes de la surcharge mentale

📌 La charge mentale comporte :

  • "Une dimension cognitive caractérisée par l’intensité du traitement cognitif mis en œuvre par un individu pour effectuer une tâche (Tricot, 2009). Elle est fonction du nombre d’unités de traitement cognitif qu’il est nécessaire de maintenir et de traiter en mémoire de travail pour réaliser la tâche, des aspects environnementaux et personnels, cognitifs et non cognitifs, qui peuvent interférer dans cette relation entre l’individu et la tâche, de l’exigence du but de l’activité elle-même.

  • Une dimension psychique qui renvoie aux aspects affectifs et émotionnels que l’opérateur éprouve. Il s’agit du ressenti positif (joie, plaisir, émerveillement…) ou négatif (tristesse, frustration, douleur…) lié à la réalisation de la tâche. La charge psychique se définit également dans le rapport au travail. Elle correspond aux sentiments subjectifs d’être débordé, d’être incapable de faire face, de craquer. Ainsi, le contrôle et la maîtrise des émotions constituent un vrai travail en soi (Ribert Van de Weerdt, 2011).

Alors que la charge physique est plus facilement accessible – tant conceptuellement que méthodologiquement – la charge mentale l’est moins car ici interviennent de multiples facteurs et leurs interactions qui rendent difficiles l’appréciation objective des exigences auxquelles doit faire face le travailleur." (Psychologie du Travail et des Organisations : 110 notions clés- 2e éd.)


📌 La surcharge informationnelle décrit une situation où un individu est confronté à un volume d'informations trop important pour pouvoir le traiter efficacement. Cela peut provenir de multiples sources (internet, réseaux sociaux, médias, etc.) et entrainer une difficulté à discerner l'important de l'accessoire, une baisse de la concentration, et une prise de décision plus difficile.


📌 La surcharge mentale peut se définir comme un état de saturation cognitive et émotionnelle résultant d'une accumulation excessive de tâches, d'informations ou de sollicitations à traiter simultanément.


💡Dans le contexte professionnel, la surcharge mentale peut être liée à :

  • La multiplication des tâches et des projets à gérer en parallèle

  • L'hyperconnexion et les interruptions fréquentes (emails, messageries instantanées)

  • La pression temporelle et les délais serrés

  • La complexification des processus et l'évolution rapide des compétences requises

  • Le brouillage des frontières entre vie professionnelle et personnelle

  • L'essor du télétravail accentuant le sentiment d'hyperconnexion et la porosité entre les sphères professionnelle et personnelle

  • L'exigence de performance et attentes de réponse immédiate

  • Le travail dématérialisé reposant sur des représentations abstraites empêchant de percevoir directement les résultats de ses efforts

  • . . .


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Impact du contexte socio-économique sur la surcharge mentale au travail

  • Adaptations et changements organisationnels fréquents : génèrent anxiété, sentiment de perte de repères et résistances

  • Contexte de plus en plus concurrentiel : exigences accrues de productivité, cadences élevées, objectifs de réduction des coûts, insécurité de l'emploi, flexibilité imposée, disponibilité constante, contrôles constants

  • Tertiarisation croissante de l'économie : sollicitation accrue des fonctions mentales, intensification du travail de bureau, stress managérial, harcèlement moral

  • Demande croissante de services : exposition accrue aux risques de violence, pression pour satisfaire le client

  • . . .


enquete

Manifestations de la surcharge mentale au travail

La surcharge mentale au travail se manifeste par différents symptômes :

  • Difficultés de concentration et de prise de décision

  • Sensation de débordement et d'épuisement mental

  • Baisse de la créativité et de la productivité

  • . . .


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Conséquences de la surcharge mentale au travail

  • Stress, anxiété et épuisement professionnel (burn-out)

  • Atteintes physiques : troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux, cardiovasculaires, migraines, hypercholestérolémie, diabète, asthme, ...

  • Atteintes psychiques : fatigue chronique, troubles du sommeil, crises d'angoisse, dépression, burn-out, ...

  • Troubles du comportement : agressivité, troubles alimentaires, consommation accrue de médicaments, d'alcool, de tabac et autres substances, isolement social, difficultés d'apprentissage, erreurs d'exécution, comportements à risque, ...



Du constat à la prise en compte

explosion

Surcharge mentale : une réalité professionnelle actuelle

📍De nos jours, les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle se brouillent. L’omniprésence des outils numériques permet aux salariés de travailler à tout moment et en tout lieu. Plus de la moitié des travailleurs déclarent subir une charge de travail excessive. Expressions comme « j’ai trop de choses à penser » ou « je suis constamment interrompu » témoignent de ce malaise grandissant.

📍 De plus, les indicateurs de performance et les attentes de réponse immédiate exacerbent cette responsabilité cognitive.

📍Le travail moderne, souvent dématérialisé, repose sur des représentations abstraites. Cette situation empêche les travailleurs de percevoir directement les résultats de leurs efforts, contribuant ainsi à une fatigue nerveuse et émotionnelle accrue.

💡Chaque métier, qu'il soit créatif, technique ou de service, mobilise à la fois les ressources physiques et mentales de l'individu, rendant le travail toujours plus exigeant et complexe.


vision

Au-delà de la France, comment ça se passe ?

🗺️Les approches culturelles en matière de gestion de la surcharge mentale offrent des perspectives variées qui peuvent enrichir notre compréhension de cette problématique.

Par exemple, dans des cultures comme celles du Japon ou de la Corée du Sud, où le surmenage est souvent normalisé, les entreprises commencent à reconnaître les enjeux de la santé mentale et à implémenter des stratégies pour équilibrer pression et bien-être.

En revanche, dans des pays nordiques comme la Suède ou la Norvège, une approche plus proactive est adoptée : le bien-être au travail est largement intégré dans la culture d'entreprise, avec des politiques de conciliation travail-vie personnelle.

💡Ces comparaisons révèlent que les contextes culturels influencent non seulement la perception de la surcharge mentale, mais aussi les stratégies mises en place pour y faire face.


technologie

Technologie et surcharge mentale

📌 La technologie, en tant que catalyseur de la surcharge mentale, est souvent perçue comme une menace plutôt qu'une solution.

📌Cependant, les outils technologiques, lorsqu'ils sont bien utilisés, peuvent améliorer l'efficacité des travailleurs en réduisant le stress lié à l'organisation. Par exemple, les applications de gestion du temps et de productivité (comme Trello, Notion ou Todoist) permettent aux utilisateurs (formés à leur utilisation) de prioriser leurs tâches et de mieux organiser leur chargé de travail. Les outils qui favorisent la communication asynchrone, comme Slack, permettent aux employés de gérer leur temps de manière plus flexible.

📌Toutefois, il est crucial de trouver un équilibre pour éviter que ces mêmes outils ne contribuent à une surcharge d'informations.

💡En intégrant des formations à l'utilisation adéquate de la technologie et en établissant des politiques claires sur la communication, les entreprises peuvent ainsi transformer la technologie en un véritable allié.


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Impact à long terme

📍L'impact à long terme de la surcharge mentale sur les individus et la société est un sujet crucial qui mérite une attention particulière. Des recherches ont démontré que la surcharge mentale, si elle n'est pas traitée, peut conduire à des problèmes de santé chroniques, notamment le burn-out, la dépression et des maladies cardiovasculaires.

📍Au niveau organisationnel, cela se traduit par une augmentation de l'absentéisme, une diminution de la productivité et un turnover accru, des coûts significatifs pour les entreprises. Au-delà des enjeux individuels et organisationnels, la surcharge mentale a également des répercussions sur la société en général, exacerbant les inégalités de santé et augmentant la charge sur les systèmes de santé publics.

💡En intégrant des programmes de prévention et de soutien, les entreprises et les gouvernements peuvent non seulement améliorer la qualité de vie des travailleurs, mais aussi réduire les coûts sociaux liés à la santé mentale.


solutions

Pistes de solution

Pour prévenir et/ou traiter la surcharge mentale, il peut être intéressant de :

  • Savoir la repérer, au travers de diagnostics, d'évaluations, de mise en discussion

  • Définir précisément les rôles et responsabilités au sein de l'organisation

  • Prendre en compte la réalité du travail (contraintes, aléas, complexités...) dans l'accompagnement managérial

  • Instaurer des temps de dialogue sur le travail pour s'entendre sur la qualité du travail, sur les attentes et besoins respectifs, ...

  • Former les utilisateurs aux nouvelles technologies déployées

  • "Penser" les flux de communication pour les rationaliser

  • Promouvoir au sein de l'organisation des moments de déconnexion

  • . . .



Conclusion


📝 La surcharge mentale apparaît comme un véritable fléau dans notre société moderne, exacerbée par l'hyperconnexion et les exigences accrus du monde professionnel. Se manifestant à travers des symptômes variés, elle impacte non seulement le bien-être individuel, mais également la performance des organisations et la santé publique dans son ensemble. Dès lors, il devient impératif d'adopter des mesures concrètes pour prévenir et gérer cette charge cognitive croissante.

Cependant, pour véritablement transformer notre approche, il nous faudra envisager des solutions adaptées aux spécificités de chaque environnement professionnel et construites avec les professionnels.


🔓Un dialogue visant à un meilleur équilibre entre productivité et qualité de vie semble incontournable. Un accompagnement managérial éclairé et des politiques Qualité de Vie et des Conditions de Travail (#QVCT) peuvent ouvrir la voie à un futur où la santé mentale est préservée. En somme, il nous appartient de construire les contours d'un monde professionnel plus équilibré, capable de s’adapter aux défis contemporains tout en préservant le bien-être de chacun.



RESSOURCES

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EN SAVOIR PLUS SUR RH IN SITU


rh in situ

J’ai créé RH IN SITU en 2017 afin d’accompagner sous différents formats (temps partagé, projets ponctuels, formation, facilitation) les Petites et Moyennes Organisations sur toutes leurs problématiques liées au travail. Je réalise ainsi des interventions visant à :

  • 🎯accompagner les réflexions sur les questions de gouvernance et d'organisations du travail

  • 🎯développer les compétences de collectifs de managers sur des thématiques spécifiques (pratiques managériales, RH, droit du travail, santé, ...) ou via du codéveloppement professionnel et managérial

  • 🎯structurer, fiabiliser, optimiser et sécuriser les pratiques RH (compétences, process, outils, digitalisation, ...)

  • 🎯favoriser la santé au travail en combinant l'approche par les risques professionnels et l'approche clinique afin d'identifier et de développer les ressources psychosociales des collectifs

  • 🎯améliorer la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT)

  • 🎯accompagner les démarches de prévention en tant qu'Intervenante en Prévention des Risques Professionnelles (IPRP)

  • 🎯accompagner les collectifs sur les questions de dialogue social et dialogue professionnel

  • 🎯développer les compétences des représentants du personnel

  • 🎯trouver les profils en adéquation avec les besoins des structures (sourcing, chasse, recrutement, ....)

  • 🎯accompagner les transitions professionnelles

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Plusieurs valeurs guident ma pratique professionnelle :

Elycoop
  • 🤝Construire des relations authentiques, basées sur la confiance et la transparence

  • 🤝Transmettre mes compétences aux équipes accompagnées pour développer leur autonomie

  • 🤝Promouvoir un équilibre dans les relations employeur/salariés et un dialogue social et professionnel de qualité

  • 🤝Avoir un impact positif sur la santé au travail des dirigeants, managers, salariés, …

  • 🤝Contribuer, au travers de mes interventions, à la performance économique ET sociale des structures accompagnées





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