Fanny LE GUEN
Pourquoi la prévention des risques professionnels dans les petites structures est-elle si complexe ?
Dernière mise à jour : 20 févr.

Les petites structures sont les TPE.
C'est une entité juridique (association, entreprise, scop, ...) qui emploie moins de 11 salarié.e.s.

Elles sont environ 3 millions en France. La moitié d'entre elles qui embauchent des salarié.e.s réprésentent 19% de l'emploi salarié du secteur privé. Elles oeuvrent à : 77,1% dans le tertiaire - 13,5% dans la construction - 6,7% dans l'industrie
Qu'est-ce qui les caractérise les TPE ?

🤖 Portrait robot de ou de la dirigeant.e de petite structure
centré.e sur son coeur de métier (expert.e avant d'être chef.fe d'entreprise)
concentrant toutes les fonctions de la structure
plutôt isolé.e
très occupé.e
🤼 Un mode relationnel différent des grandes entreprises
proximité entre les personnes
prédominance de l'informel
peu ou pas de représentation du personnel
grande polyvalence de chaque salari.é pour optimiser le ratio fonction(s) à couvrir/ temps de travail
🧰 Des moyens plus limités

peu ou pas de personnes ressources dédiées spécifiquement aux questions RH et santé au travail
manque de temps, de compétences, d'appétence pour réaliser une veille / rechercher des informations sur les sujets RH et santé au travail
plus grande fragilité financière qui définit des priorités en lien avec la pérennité économique immédiate
Et la prévention des risques professionnels dans tout ça ?
Elle est étroitement liée à la personnalité, à la formation et aux priorités du ou de la dirigeant.e 🧭
🕵️ La difficile évaluation des risques

La perception d'un risque n'est possible que si on est capable de l'identifier.
La plupart des dirigeant.es (et des salarié.e.s) considèrent que leur structure / leur activité ne présente pas de risque particulier, jusqu’à accident grave.
Le Document Unique d'Evaluation des Risques Professionnels (obligatoire dès le ou la 1er.e salarié.e) est, dans la majorité des structures :
soit méconnu
soit réalisé a minima pour remplir l'obligation règlementaire en cas de contrôle
Quand il est réalisé, il occulte généralement les risques psychosociaux pour ne se concentrer que sur les risques physiques.
🔬 Le manque de lisibilité de l'offre de prévention

Il existe pléthore d'intervenants et de dispositifs, pourtant les petites structures y recourent peu. Pourquoi ?
Le panel des interlocuteurs est (trop?) dense, pour des structures qui ne disposent pas des moyens humains à mobiliser sur la recherche d'informations sur ces sujets.
Si les services de santé au travail sont cités spontanément par les dirigeant.e.s, ils sont aussi considérés comme ne répondant pas à leurs besoins ("peu réactifs", "pas pro-actifs", "opaques" ...).
Les organismes de protection sociale ? les dirigant.e.s ne connaissent pas forcément leur rôle (hormis pour la partie complémentaire santé), ils ne savent pas trop ce que comprend leur offre, ce qui est inclus dans leurs garanties, ... et la relation "commerciale" peut susciter une certaine méfiance.
Les organismes tels que la CARSAT ou la DREETS ? Leurs rôles sont soit méconnus, soit ils suscitent également une certaine méfiance.
🔗Des intermédiaires de confiance, mais dont la prévention n'est pas le coeur de métier

Quand on interroge un.e dirigeant.e sur sa personne ressource, il ou elle cite immédiatement l'expert-comptable. Une relation de confiance, à qui l'on confie tout : la gestion des finances, la gestion sociale, les questions juridiques plus globales, ...
Mais, sauf exception(s), les cabinets d'expertise comptable ne sont pas compétents en matière de prévention. Ils fournissent parfois des trames de DUERP, mais ils ne peuvent pas aider dirigeant.e.s et salarié.e.s à développer une culture de la prévention. Ils ont par contre été identifiés par le Groupe Permanent Régional d’Orientation des conditions de travail (GPRO) comme relais d'informations de prévention, et une expérimentation est en cours
Quels sont les leviers permettant de faciliter la prévention dans les petites structures ?

Prendre en compte la situation du ou de la dirigeant.e et les difficultés que lui ou elle rencontre à son niveau au quotidien (charge mentale, conciliation vie personnelle/vie professionnelle, stress, ...)
Prendre en compte les moyens limités dont disposent les petites structures pour leur proposer des solutions adaptées à leur réalité